Choix Goncourt de la Géorgie



Mohamed Mbougar Sarr remporte le Choix Goncourt de la Géorgie 2021 !
Le Choix Goncourt de la Géorgie 2021 a porté sur la troisième sélection du Prix Goncourt. Les étudiants de cinq universités, les lycéens de deux écoles et les jeunes lecteurs de la Médiathèque de l’Institut français de Géorgie ont participé à la sélection. Le jury interne de chaque établissement a choisi un représentant au sein du Jury général, présidé par Mme Mzaro Dokhtourichvili, qui a délibéré à huis clos. A l’issue des discussions, le jeune écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr a, le 27 mai dernier, été consacré lauréat pour son roman La plus secrète mémoire des hommes.
Le jury a tout d’abord fondé son choix sur une caractéristique de ce livre qui se rapproche d’un principe expliqué par l’auteur : “N’essaie jamais de dire de quoi parle un grand livre. Ou, si tu le fais, voici la seule réponse possible : rien. Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant, tout y est.” . De fait, dans son ouvrage, se mêlent la littérature, la mémoire, l’histoire et les êtres humains, avec toutes leurs différences. Ce livre ressemble à un labyrinthe, où l’auteur mais aussi le lecteur essaient de découvrir, parmi le flot de connaissances générales, les histoires cachées, enveloppées d'un voile secret et mystérieux. En rappelant l’histoire des deux guerres mondiales, de la colonisation, de la Shoah, ou encore des confrontations perpétuelles entre l’Ouest et l’Est, le progrès et les traditions, le passé et l’avenir, des pères et des fils, l’auteur repère, puis met en lumière, ce qui était caché et oublié.
Le jury a également remarqué la richesse du style, de la forme et des idées dans ce roman qui offre à chaque lecteur quelque chose d’unique pour lui-même, l'encourage à réfléchir, à poser des questions et à chercher des réponses, ce qui l’invite à une relecture pour ouvrir le champ des possibilités et des révélations. Mohamed Mbougar Sarr nous amène à penser les relations entre la littérature, l'écrivain et le lecteur. En effet, il revient à la littérature d’engager profondément les lecteurs en les rendant un peu meilleurs. Ces derniers doivent apprendre à lire et à relire pour trouver le sens du travail de l’écrivain, et comprendre que ce qui est important chez lui, c’est son écriture, sa vision, son art, et pas son identité, sa couleur de peau, son origine, ou encore sa religion. L'écrivain, quant à lui, doit se consacrer à sa plume et toujours se rappeler que, malgré son talent, il doit poursuivre sa quête de l’insaisissable, de l’inédit, pour écrire “Le” livre, c’est-à-dire le “seul livre essentiel, une œuvre fondamentale".
La désignation de ce lauréat est également l’occasion de distinguer la mise en avant par Mohamed Mbougar Sarr des écrivains africains, leur histoire, leur littérature, leurs sentiments, ainsi que la manière dont ils étaient et sont vus ou compris. Il invite à envisager la littérature comme une patrie commune, universelle, pour les écrivains, malgré les différences de langues, d’horizons, de public.
La plus secrète mémoire des hommes, un livre hanté par l'histoire d’un écrivain disparu, par la mémoire de ceux perdus dans le temps et l’espace, un livre qui valorise l’observation du monde, de la vie, de l’univers, l’ouverture et la prise en compte de divers points de vue, l’essentiel étant toujours caché au premier regard. L’occasion également, avec ce lauréat, de célébrer et rendre hommage à la littérature et de rappeler aux lecteurs leur rôle immense dans sa compréhension, sa diffusion et sa préservation.