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2022, BICENTENAIRE DE LA NAISSANCE D'EDMOND DE GONCOURT

 / Edmond de Goncourt  par Nadar /

Les frères Goncourt avaient voulu reconstituer l'ambiance des salons littéraires du XVIIIe siècle, et celle des nombreux déjeuners ou dîners d'écrivains du XIXe (les "dîners Magny"). La mort prématurée de Jules en 1870, fera d'Edmond l'animateur du "Grenier" et le créateur de la "Société littéraire", devenue Académie par opposition à l'Académie française qui refusa "l'immortalité" à de grands esprits tels que Balzac, Flaubert, Zola, Maupassant, Baudelaire, entre autres.

 

Quarante-huit heures après la mort d'Edmond de Goncourt, en 1896, à l'âge de soixante-quatorze ans, son notaire Maître Duplan lisait à Alphonse Daudet et Léon Hennique, ses légataires universels, le testament qu'il avait laissé, rédigé à Auteuil en date du 16 novembre 1884 :

 /MAN 4Z 89/

"Ceci est mon testament. Moi, Edmond Huot de Goncourt, sain d'esprit, réfléchissant à l'ébranlement de ma santé depuis la mort de mon frère, songeant à la servitude de la mort, à l'incertitude de son heure, et de peur d'être prévenu par elle ainsi que l'a dit mon maître le Duc de Saint-Simon, j'écris et je signe de ma main ce présent testament.

Considérant que je laisse les parents qui me sont affectionnés et chers dans un état de fortune tel qu'ils n(ont pas besoin de mon bien après ma mort, je dispose de ce que je possède ainsi qu'il suit : je nomme pour exécuteur testamentaire, mon ami Alphonse Daudet, à la charge pour lui de constituer dans l'année de mon décès, à perpétuité, une société littéraire dont la fondation a été, tout le temps de notre vie d'hommes de lettres, la pensée de mon frère et la mienne, et qui a pour objet la création ci-dessous :

- D'un prix annuel de 5 000 francs destiné à un ouvrage littéraire ;

- D'une rente annuelle de 6 000 francs au profit de chacun des membres de la société."

 

[...] Le testament d'Edmond de Goncourt indique que

"Cette société se composera de dix membres qui seront :

1. Alphonse Daudet ; 2. Joris-Karl Huysmans ; 3. Octave Mirbeau ; 4. Rosny (l'aîné) ; 5. Rosny (le jeune) ; 6. Léon Hennique ; 7. Paul Margueritte ; 8. Gustave Geffroy ; 9. ... ; 10. ...

Dans le cas où, à l'ouverture de mon testament, il y aurait des décédés ou refusants, les survivants éliront les successeurs des membres décédés ou refusants. Le président, pour la première année, sera de droit le plus âgé des membres qui existeront à mon décès.

Pour avoir l'honneur de faire partie de la Société, il sera nécessaire d'être homme de lettres, rien qu'homme de lettres, on n'y recevra ni grands seigneurs, ni hommes politiques. Toute élection à l'Académie française d'un des membres entraînera de droit la démission de ce membre et la renonciation à la rente ci-après stipulée.

[...] "Je déclare affecter pour la constitution de cette société tant le produit de la vente de mes biens et objets mobiliers que les sommes à provenir de mes droits d'auteur pour les livres et pièces de théâtre publiés de mon vivant, aussi bien que pour les publications d'ouvrages qui paraîtront après mon décès, notamment un ouvrage intitulé : Journal des Goncourt, Mémoires de la vie littéraire."

Des cousins d'Edmond de Goncourt attaquent le testament, perdent leur procès en 1897, font appel en 1900. Mais la future Académie est représentée par un avocat prestigieux et de grand talent Raymond Poincaré, futur président de la 3ème République. La nouvelle société littéraire gagne finalement son procès le 1er mars 1900, année de sa première réunion le 7 avril à Passy, au domicile de Léon Hennique.

 

Il faudra encore trois ans pour que le patrimoine d'Edmond de Goncourt soit vendu, les statuts de la Société littéraire établis et "l'utilité publique" obtenue par le décret du 19 janvier 1903 du Président du Conseil Émile Combes.

 

Début 1903 tout est donc prêt, le Prix Goncourt peut naître.

 / Les huit premiers membres

désignés par Edmond de Goncourt /

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